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Toute personne s’étant au moins une fois impliquée dans une association – culturelle ou non – a pu le constater : la recherche de fonds est le plus souvent essentielle dans la mise en place d’un projet. Sans argent et malgré toute la motivation du monde, certaines idées restent sur le papier et ne voient jamais le jour. Dès lors, quelles stratégies adopter ? Quels organes contacter ? Et de quelle manière ? Lauz’One (festival multiculturel), LacLac (production vidéo), Lyoxa (consulting associatif) et Senders Production (cinéma) sont quatre associations culturelles qui ont accepté de partager leurs expériences en matière de recherche de fonds dans le milieu associatif.
Manque de légitimité, charge administrative importante, délais allongés : les obstacles ne manquent pas lorsque que l’on cherche des fonds pour financer son activité associative. Pour chacune des quatre associations interrogées, bien que les expériences varient sur la forme, les difficultés de départ sont bel et bien semblables.
Actuellement en pleine organisation de sa deuxième édition, l’équipe du Lauz’One Festival peine à trouver les fonds nécessaires après un premier festival réussi et malgré des demandes adressées à plusieurs organismes publics et privés. « On nous répond : “Vous manquez encore d’expérience et de professionnalisme”, alors que nous avons organisé avec succès notre premier festival », déplore Noeline Beytrison, responsable des relations publiques. « C’est dommage, car on ne se sent pas du tout pris en considération ».
Du côté de LacLac, association qui produit du contenu audiovisuel pour les jeunes, le son de cloche est similaire. Après une première recherche fructueuse en 2018, l’équipe s’est vu refuser plusieurs nouvelles demandes de fonds pour un projet de long métrage. « C’est déjà difficile de savoir à qui s’adresser pour demander des fonds, mais en plus les calendriers et les délais de réponse varient énormément entre les organes de financement », expliquent Max Gigon et Lola Favre, tous deux membres de LacLac.
Distinguer frais de fonctionnement et frais ponctuels
Pour Robin Stähli, trésorier et membre du Bureau de Lyoxa, avant d’entreprendre une démarche de recherche de fonds, chaque association doit distinguer ses frais de fonctionnement, à savoir les frais inhérents à l’association tels que le loyer, le domaine pour un site internet, etc., de ses frais liés à des projets ponctuels. « La principale difficulté à notre échelle est que la plupart des institutions publiques et privées ne subventionnent pas les frais de fonctionnement », explique Robin. « Il existe très peu de canaux permettant une subvention régulière, à l’exception du contrat de prestations. »
Dès lors, Lyoxa recommande d’adopter un fonctionnement par projet, qui convient plus aux institutions publiques. « Le fonctionnement par projet est plus sûr pour les organismes subventionneurs publics : les associations demandent en général des montants moins importants, un horizon temporel fixe est défini dans le temps avec une date de fin du projet et il permet une plus grande traçabilité des fonds », liste Robin.
Diversifier ses techniques de recherche de fonds
Une technique adoptée et qui a fait ses preuves pour la jeune équipe de Senders Production, association qui a monté plusieurs projets dans le domaine du cinéma. « Dès le départ, l’association a avancé au rythme de ses projets », indique Maël Bürki, co-président de l’association. « Nous avons mené ainsi plusieurs projets et réussi à récolter des fonds auprès de plusieurs organismes publics et privés, comme des villes et le canton de Neuchâtel, mais aussi la Loterie Romande, une banque, un casino ou une entreprise privée ». Senders Production a tenté au maximum de varier ses sources de financement, et cela a porté ses fruits puisqu’elle n’a reçu que très peu de réponses négatives. Les jeunes se sont également fait aider par des professionnel·le·s du domaine du cinéma (réalisateur·trice·s, producteur·trice·s, monteur·euse·s) pour vérifier la solidité des dossiers soumis aux organismes subventionneurs.
Tandis que Lauz’One s’est essayé aux partenariats avec des marques et que LacLac étudie la possibilité d’organiser des événements en lien avec ses projets, l’association Lyoxa s’est pour sa part montrée plutôt inventive dans sa recherche de fonds. « Pour la Fête du 1er août à Genève, on a tenu un stand de nourriture avec vingt bénévoles qui ont passé toute une journée à vendre des saucisses », détaille Robin. « Cela nous a permis de récolter plusieurs milliers de francs en très peu de temps et de payer le loyer de notre local pendant quelques mois ! »
La solution du financement participatif ?
Pour chacune des associations interrogées, la question du financement participatif (ou crowdfunding) s’est posée à un moment ou un autre. Tandis que Senders Production et Lauz’One l’ont mis en œuvre, Lyoxa et LacLac n’ont pas choisi d’y recourir pour le moment. Maël Bürki raconte : « Nous avons monté une campagne de financement participatif sur Wemakeit pour notre premier projet de court-métrage, c’était une superbe aventure car cela nous a permis de créer une véritable communauté autour du projet. Mais cela demandait beaucoup d’investissement entre les contreparties à préparer et envoyer, la campagne sur les réseaux sociaux et les nouvelles à fournir fréquemment aux personnes qui nous soutenaient ». Un choix privilégié également par Lauz’One qui a mis en place, tout comme pour sa première édition, une campagne sur la plateforme GoFundMe pour l’édition prévue en septembre.
« Le modèle du financement participatif peut être intéressant pour les associations dans le domaine culturel, mais il est le plus souvent réservé aux gros projets et peut difficilement couvrir les frais de fonctionnement qui s’étendent aussi longtemps que l’association existe », conclut Robin. Spécialiste dans le consulting associatif, Lyoxa a même publié sur son site une marche à suivre pour la recherche de fonds à l’attention des associations. Espérons que celle-ci permettra de soutenir les équipes de bénévoles qui s’engagent quotidiennement en Suisse romande pour faire vivre leurs associations culturelles !
Rédigé par Clément Bourdin De Epic Magazine